Stage du 24 octobre 2009

Bonjour,

Voici une présentation du stage qui s'est déroulé le samedi 24 octobre 2009 après-midi, en extérieur (sans trop de pluie : ). Il est à noter que l'ensemble de l'argent récolté sera entièrement reversé à une association humanitaire.

Jean-François a introduit la journée par deux points majeurs :
- premièrement, le fait de payer pour ce stage implique un geste important et significatif. En effet, nous aidons, à notre mesure, d'autres personnes que nous ne connaissons pas et qui sont dans le besoin. Il faut donc y voir un vrai "résultat", un acte qui permet de transmettre quelque chose d'important. C'est en faisant rayonner bonté et sagesse que chacun peut changer le monde.
- deuxièmement, et en relation avec le premier point, il ne faut pas se limiter à être un simple "consommateur", et allier au don un effort personnel, une volonté d'évoluer, de devenir meilleur. Cette démarche reste personnelle mais permet cependant la cohésion d'un groupe. C'est ceci qui fait que nous pouvons devenir de vrais pratiquants.

Durant ce stage nous a été présenté le Daken Taijutsu, la deuxième grande famille de techniques : les frappes et les blocages. Pour mémoire, nous avait été présenté lors d'un cours en semaine le Jutai Jutsu, techniques de corps à corps (torsions, projections, luxations, etc.).

Les Gogyos : les 5 éléments
CHI - la Terre - symbole : le carré (être ancré à la terre, y puiser sa puissance, utiliser les jambes)
SUI - l'Eau - symbole : le cercle (rien n'arrête l'eau ! tout en rotation, en fluidité, sans coupures)
KA - le Feu - symbole : le triangle (l'explosivité)
FÛ - le Vent - symbole : demi-cercle, ou : courbe + droite (absorber puis restituer/jeter)
KÛ - le Vide ou l'Ether - symbole : une goutte (faire le vide, déséquilibrer ... c'est tous les éléments à la fois, et le plus subtil/complexe à saisir).

Les Gogyos sont aussi transposables dans la vie de tous les jours et nous permettent de gérer toutes les situations.

Les esquives :
- en lignes droites
- en courbes
- croisées

A ensuite été présentée la "machine à kata" (ou "tiroirs" des techniques, ou "marché" des enchaînements).
En alliant esquives, Gogyos et Gohos que nous avons pratiqué jusque là, toutes les combinaisons possibles s'offrent à nous. Ce grand bouquet final a permis une compréhension (ou sensibilisation) plus globale des concepts, des techniques. Ce fut un grand moment de pratique.

Une technique est parfaite quand elle est épurée de tout mouvement parasite.

Un grand merci à Jean-François et à Virginie. Un grand bravo à tous les pratiquants.

merci beaucoup pource très beau premier" post..

Je fais souvent des parallèles entre la pratique et mon quotidien. Aussi, en faisant des activités qui n’ont en principe aucun lien avec le ninjutsu, il m’arrive de « réfléchir » à des propos tenus, à des postures, à des comportements… Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, je crois que cette manœuvre n’a pas pour but d’« intellectualiser » ma pratique : il me semble qu’à trop chercher à intellectualiser, on finit assez vite par se bloquer soi-même ! Le but de la manoeuvre est de transposer le ninjutsu à mon quotidien... ou l'inverse!.

Vous l’aurez compris en lisant le titre de mon post, le dernier parallèle que j’ai tracé concerne la négociation.
J’ai récemment lu un livre intitulé « Saint-Germain ou la négociation ». Ce livre (extraordinaire pour tous ceux que la négociation intéresse) relate une négociation menée en s’attachant à en décrire, plus que les tenants et les aboutissants, le déroulement.
J’y ai trouvé des points communs avec le ninjutsu et souhaite vous proposer un bref parallèle entre la négociation et le ninjutsu.

Petite introduction…
N’avez-vous jamais songé que le ninjutsu vous aiderait à mieux négocier ? Bien sûr, il y a ceux, pragmatiques, qui diront assez vite que s’ils sont capables de faire un shuto puissant sans que leur uke ne le voit arriver, ça aidera grandement dans le cadre d’une négociation… pas faux ! Un peu brutal mais pas faux !
Il me faut préciser ce que j'entends par négociation: eh bien, il s'agit d'une discussion entre deux protagonistes en désaccord afin de trouver une solution convenable à chacun.

Rentrons dans le vif du sujet. Le parallèle que j’évoquais est un parallèle avec la relation uke/tori d’une part et les goggyos d’autre part. Ca fait un bout de temps que je songe à rédiger ce post et il n’est toujours pas finalisé donc je vous propose de traiter le premier point et de ne faire qu’évoquer partiellement le second… pour mieux y revenir semaine prochaine. Je le complèterai avec les goggyos que je n’aurai pas évoqué.

Uke et tori :
Uke et tori ne sont pas des adversaires. Pas toujours en tout cas… A mon sens, ils seraient presque complémentaires. Je veux dire que pour faire un bon tori, il faut un bon uke et qu’à l’inverse, un bon uke « forcera » tori à être bon sinon… il est mort ! Bon j’ai un peu grossi le trait mais au moins, vous voyez ou je veux en venir !
Quand on négocie, c’est tout pareil ! Si un des protagonistes est excellent, l’autre a intérêt à se bouger pour s’en sortir. Que ce soit pour être augmenté ou pour avoir le droit de sortir ce soir, va falloir trouver les arguments imparables et la formulation qui va bien!
Ensuite, au rayon des similitudes, si l’un des deux n’est pas à l’écoute de son homologue et refuse le dialogue (soit en répondant défavorablement à toutes les demandes sans les évaluer, soit en n’y répondant pas du tout), il me semble qu’il n’est pas là question de négociation. Un exemple concret : si l’un des deux arrive en souhaitant imposer sa suprématie, « rabaisser l’autre »,… le débat n’aura pas lieu. Et je placerais plutôt cette situation dans la case confrontation. Deux solutions se profilent : accepter ou refuser. Mais l’échange s’arrêtera là ! Ecartons donc ce cas de figure et revenons à un cas plus courant de volonté d’échanges entre deux personnes : une négociation, donc.
C’est là que je fais intervenir les goggyos.

Chaque goggyo correspond à un type d’attitude que l’on peut rencontrer.

Chi no kata ou la confrontation :
Le premier des goggyos, celui de la terre, nous impose d’être « être carrés » et puissants. Une image que l'on peut associer à chi no kata est une montagne: elle semble lourde et immobile, elle est en réalité dangereuse et terriblement puissante. La sous-estimer c'est mettre sa propre vie en danger!
En terme de négociations, ça me semble proche d’une conversation dite « entre hommes » (désolé mesdames pour l’expression machiste…). Il ne s’agit pas d’être campé sur ses positions et d’attendre que l’interlocuteur s’épuise. Pas du tout! Il s’agit de bouger, de répondre, d’agir et de le faire puissamment. Dans l’image, ça pourrait être quelqu’un qui, en négociant, tape du poing sur la table. Ca fait un peu démonstratif mais c'est un exemple qui me semble coller.
Je vous propose de ne pas m'attarder sur ce type de négociation car il me semble que c'est celui que l'on rencontre le plus fréquemment.

Sui no kata ou l’adversaire fluctuant :
Vous avez déjà eu un dégât des eaux ? Non ?!?! Pas de bol. Moi j’ai poussé mon envie de pratiquer jusqu’à cette extrémité : bon OK ce n’est pas seulement la pratique qui en est la cause mais aussi le fait que je suis pas franchement un bricoleur hors pair ! Toujours est-il que d'avoir l'impression que quelqu'un arrose chez vous pendant 3 heures est une expérience inoubliable...
Pourquoi je vous raconte ça? Parceque quand vous avez à faire face à un dégât des eaux, et à l'eau en général, vous comprenez assez vite que vous ne parviendrez jamais à la saisir et qu'il va falloir trouver autre chose.
Vous avez déjà discuté avec des personnes "insaisissables"? Elles ont un talent inné pour botter en touche, esquiver ou même vous renvoyer vos propres interrogations. Vous pourrez toujours y aller en force si ça vous amuse, ça ne les atteindra pas... C'est toujours rageant mais, comme face à un dégât des eaux, mieux vaut garder son sang froid car sans cela, vous ne ferez que vous neutraliser vous-même ou au mieux vous rendre moins efficace.

Et voilà pour cette première!
Je poste la suite très prochainement avec au programme: ka, fu, ku et enfin... le "liant".

Et bien on attend la suite avec impatience Guillaume, merci pour ce premier jet !

Merci pour ce post, continue, j'attends la suite avec impatiente....

Merci guillaume pour ce poste et ne t'inquiete pas pour le machisme, tu en est loin, tout dépend de si tu le vois avec un grand ou un petit H!
Ce qui pourrait dire qu'on peu rajouter a ton propos une part de masculin ou de féminin, peu importe le sexe auquel on appartient.

Très intéressant ton parallélisme Guillaume.
Je suis d'accord avec toi lorsque tu dis que Uke et Tori ne sont pas forcément des adversaires. Tu prends comme exemple les goggyos, où en gros il y a une "attaque" et une "riposte". Je dirais même plus qu'il y a un dialogue (ou une négociation longue) lorsque le kata est un enchainement de mouvements...
J'attends la suite également!

Ka no kata ou l’explosivité :
Les gens patients ont souvent tendance à encaisser, encaisser, et encore encaisser… jusqu’à atteindre leurs propres limites. Alors, c’est le feu d’artifices ! On en prend pour son grade, ça va, ça vient, c’est inarrêtable. En négociation, c’est l’image qui me semble la mieux adaptée à ka no kata. Non pas la perte de sang froid mais l’étincelle qui enflamme le gaz qui, lorsqu’il était contenu, était inoffensif et non détectable, et devient dès lors meurtrier et imprévisible.

Fu no kata ou le « contre-pied »
Imaginez d’avoir en face de vous, à une table de négociations, un individu qui change d’avis sans cesse. Vous croyez qu’il va abonder dans votre sens, il vous contredit. Vous croyez qu’il va s’opposer fermement à votre proposition, il l’accepte. Les gens qui manient l’art du contre pied peuvent se servir de cela comme d’un avantage. Vous croyez les connaître : il n’en est rien ! Vous préparez des arguments sur un point précis dont vous savez qu’il va être déterminant, ce point est accepté. Au contraire, un point de détail qui vous semblait acquis est étudié et balayé comme un vulgaire château de cartes…
C’est pour moi le fu no kata!

Ku no kata ou la négociation de l’expert
Quels exemples connaissez-vous autour de vous d’experts en négociation ? Cherchez bien… La politique, bien sûr ! Le ku no kata est celui des goggyos qui me paraît depuis le début le plus difficile à retranscrire. Parcequ’il est à la fois un (ku) et multiple (chi – tsui – ka – fu ). Aussi, il m’a semblé bon pour expliquer la négociation telle que je l’imagine en ku de m’appuyer sur un exemple dans le domaine précité : le débat télévisé entre deux des candidats de l’élection présidentielle française de 1988. Je vous laisse chercher sur le net de quoi il s’agit… Vous trouverez aisément sur le net la vidéo correspondante.
Sans considération politique aucune et en restant uniquement sur le plan de la négociation et de la conversation, il y a pour moi de tout dans cet échange-là…
Du chi, avec des affrontements verbaux durs appuyés de faits.
Du fu avec des fausses pistes.
Du ka avec des réponses du tac au tac et l'explosivité qui va avec.
Du tsui, enfin, avec la monstrueuse vague que constitue ce "monsieur le premier ministre" qui clot le débat.

Le liant : la parole
Comme dans la pratique, il est indispensable, quelle que soit la technique employée (voire même s’il n’y a pas de technique) de lier le tout et ce lien-là, en terme de négociation, c’est la parole.
Je veux dire que si vous ne pipez pas un mot lors d’un échange, vous êtes sûrs de perdre, qui que ce soit en face.
Si au contraire vous n’arrêtez pas de parler en sans prendre le temps de « vous écouter », c’est un peu comme si en pratiquant vous vous dépêchiez de faire votre mouvement rapidement afin de vous débarrasser, sans regarder uke, sans en tenir compte…
Au final, dans la pratique, s’arrêter de se déplacer revient à arrêter de parler lors d’une conversation. A moins d’être excellent, il n’est pas possible de se faire comprendre en agissant de la sorte !
Que mes propos soient clairs pour ceux qui liraient tardivement ce message : je ne vous demande pas de parler en pratiquant, on est bien d’accord ??? OK.
Après, même dans la parole, il y a de multiples distinctions avec le ton employé: aggressif, chaleureux, saccadé, mielleux. Tout cela également constitue autant de liants distincts.

Le rythme :
Comme moi, vous avez déjà vécu des silences bien pesants ? On s’attend à se faire engueuler et au final, la personne en face est silencieuse… Horrible ! Dur ! C’est pareil en réunion, quand on cherche en général un responsable à un ratage, il y a toujours un blanc. Vous savez, c’est ce moment où tout le monde baisse sa tête sur son cahier et fait semblant d’y griffonner deux mots. On l'a tous vécu...
Le rythme est quelque chose de primordial dans la négociation. En effet, je pense qu’il y a un temps pour tout et que si vous ratez le coche, vous n’êtes plus dans le bon tempo. Ce n’est pas grave, mais le réaliser peut être utile… à faire attention à être dans le tempo la prochaine fois par exemple.
Dans la pratique, c’est pareil. Ben a attiré notre attention sur le sujet lundi soir en faisant un exercice bien particulier. Il y a un tempo entre uke et tori, il y a un tempo dans le cours et il est important d’en avoir conscience. Pour ce qui est du tempo entre uke et tori, il peut être « cassé » mais ça doit alors être conscient et voulu. Les buts peuvent être multiples : étonner uke, lui faire perdre une habitude qu’il commençait à prendre, le mettre sous tension,..

Le nécessaire détachement :
L’un des enseignements que j’ai tiré du livre qui m’a fait écrire ce post est l’indispensable détachement qu’il faut ressentir vis-à-vis du sujet traité pour bien le négocier. Dans le livre, les conditions de négociations peuvent faire perdurer des guerres civiles,… Le narrateur précise qu’il n’en a cure et que s’il en tenait compte, il serait forcément incapable de négocier car en position de faiblesse. L’enjeu tuerait le jeu, en quelque sorte. Dans le cas précis, la frontière peut sembler mince avec le cynisme mais elle existe réellement, je pense.
Et si c’était un peu ça aussi, l’équanimité ?

Félicitations!!! bravo bravo et bravo!!!!

Respect Guillaume, C'est un super parallèle que tu nous offres là, et très différent dans sa forme des réflexions que nous avons pu avoir. Merci tout plein et à très vite sur le tatami