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Stage du 8 mai 2011

3 participants

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Stage du 8 mai 2011 Empty Stage du 8 mai 2011

Message  Guillaume Lun 16 Mai - 0:59

Bonjour,

Après quelques jours à les organiser, je vous livre mes impressions sur le stage de corde, particulièrement riche.
Bonne lecture.

Premières impressions:
On en a parlé à la fin du stage, la corde n'est pas une "arme classique", si jamais cette expression signifie quelque chose. Avant même de venir pratiquer, en parlant du stage avec une connaissance, je me rendais compte que dans la mesure où la corde ne fait pas mal, mon interlocuteur ne comprenait pas que l'on puisse s'en servir en combat. Ou si, mais uniquement pour fouetter... Very Happy Un peu restrictif comme usage. Même si cette analyse est terre à terre, elle n’en reste pas moins partiellement vraie. Il est indéniable que la corde diffère d'un bo, d'un boken ou d'un sabre que n'importe quel clampin sait utiliser (bien ou mal, peu importe) pour faire mal à uke. Taper, trancher, couper, ça, globalement, les gens savent faire. Ou au moins croient savoir faire, mais c’est une autre histoire.
Rien que ça, je repensais à ce que disait Jean-François: "on fait ce que les gens ordinaire ne peuvent pas faire"...
Déjà avant même de me rendre au stage, j’y voyais un intérêt particulier.

Prise de conscience:
Pour nous autres, pratiquants, je trouve qu'une des premières étapes, une arme à la main, est de prendre conscience du potentiel danger que représente l'arme en question. Et plus largement de ce qu'elle représente. Pour ceux qui étaient là aux cours de sabre, c'est un peu comme quand on s'imagine que l'on est potentiellement sur un champ de bataille et que l'on y risque sa vieOu encore lorsqu'en pratiquant les gogyos, on fait en sorte que ce ne soit pas simplement des katas mais la représentation d'éléments!
Pour l’anecdote, je me souviens de mes débuts en ninjutsu et de mes débuts avec des armes.
La première étape est d’avoir la certitude qu’on est plus fort une arme à la main. Un sabre coupe, un bo peut permettre de taper, c’est évident ! Et ça, pas besoin de pratiquer pour en prendre conscience. ON CROIT DONC ETRE FORT.
Ensuite, une fois qu’on commence à pratiquer, quand on prend une arme, on se dit : « mais qu’est ce que je vais bien pouvoir faire de ça ? Je m’en sortirais mieux à mains nues, comme j’ai l’habitude de faire. »
Ensuite, on réalise un peu ce qu’est l’arme, on s’habitue à elle. On l'apprivoise, et non plus l'inverse. On apprend à ne plus se laisser maîtriser par ce qu'on croit que l'arme représente.
Enfin, on parvient seulement à se débrouiller, à prendre conscience de ce que l’arme peut faire et là, le risque est le suivant : attacher trop d’importance à ce que peut nous permettre de faire l’arme et ne plus songer à autre chose. Grosso modo, s’y accrocher désespérément.
Le vrai haut niveau consiste à prendre conscience de ce qu’avec une arme, on peut faire ou ne pas faire… Cela nécessite bien sûr :
1. du temps;
2. du travail;
3. du détachement.
Revenons à la corde. Au début du stage, j’avais l’idée préconçue que la corde pouvait notamment représenter hendo kirinaï, le lien entre uke et tori. Ce n’est pas grand-chose, mais c’était la seule piste dont je disposais.
Je me suis rendu compte en pratiquant que la corde contenait toute la pratique, tout en en étant une partie.
Laissez-moi quelques paragraphes pour expliquer cette phrase (dont je conviens à dire que sa compréhension n’est pas évidente).

Les grands principes:
De nombreux grands principes se retrouvent dans la corde.
On peut en effet pratique le daken et le jutaï avec la corde. Voire mieux, le fait de ligoter par exemple semble être le prolongement naturel d’une immobilisation correctement réalisée.
Ensuite, la corde est un révélateur de taihen. C’est assez évident. C’est le vrai point de départ de la pratique de la corde : le déplacement.
Mais je trouve qu'elle demande aussi à faire appliquer d’autres grands principes.
En premier lieu, le 90/10%. Je veux dire que le but est que tori amène uke à s'emmêler dans ses démons. Et ce faisant, tori fait et doit faire peu d’efforts. Tori ne doit pas lui-même se focaliser son attention sur la corde, au risque de se faire prendre à son propre piège.
Ensuite, toute technique peut se faire en ura ou en omote.
Le fait de crocheter l’attention de uke se trouve également dans la pratique de la corde.
Ou encore kentaï ichi jo.
Bon, j’arrête là la liste, je pense que vous avez compris le principe.

Haut niveau:
La dernière étape, qu’il nous a été donnée de voir, est de pratiquer sans la corde, mais comme si on l'avait. C’est un niveau d’excellence.
En gros, une fois que l’on arrive à matérialiser hendo kirinaï sous forme de corde et donc à pratiquer la corde, il faut parvenir à dématérialiser le lien, à faire que hendo kirinaï existe, que l’on voit cette corde fictive, mais si elle n’est pas physiquement là.
Je trouve que c’est du haut niveau. Mais ça permet de travailler sa propre conscience. Toujours faire comme si on avait une corde.

La pratique avec Jean-François.
Jean-François m’a demandé de l’attaquer, ce que j’ai fait. Après avoir bloqué, il a amorcé la riposte… mais ne l’a pas donnée. J’étais tellement surpris, étonné de ne pas avoir mal (alors que je m’étais préparé à recevoir une attaque), qu’il m’a fallu un peu de temps pour voir que je pouvais à nouveau attaquer. Ce que j’ai alors fait. Et à plusieurs reprises, notre espèce de ballet a continué. Sauf qu’à force, je me suis fatigué. Nerveusement, mentalement et physiquement.
Nerveusement d’abord, car je craignais les coups. Même si je ne les recevais pas.
Mentalement ensuite, car je pensais pouvoir toucher, je pensais avoir une opportunité, et que celle-ci se refermait inévitablement.
Physiquement enfin, puisque j’attaquais à répétition.

Cet échange m’a fait me poser plusieurs questions.
D’abord, ai-je attaqué correctement, avec toute la sincérité nécessaire et sans faire preuve de connivence ? J’entends par là que je ne suis pas idiot et que je sais à priori que Jean-François me battra. Aussi, par réflexe, quand une série d’attaques échoue de manière aussi catastrophique, je me pose toujours cette question. Pour tout dire, j’avoue que même moi, je n’ai pas la réponse. Disons qu’à chaque fois, j’ai collecté mes forces pour attaquer avec conviction.
Ensuite, pourquoi Jean-François ne me tue t’il pas ? Pas au sens propre mais au sens figuré… Il a mille fois l’occasion de finir le mouvement et il joue avec moi comme un chat joue avec une souris. C’est exactement ça ! Le chat et la souris. Au début, comme la souris qui sait qu’elle risque sa vie, je mets tout en œuvre pour survivre. Une fois que la différence est faite, je le comprends et là, rien n’arrive… Alors comme on joue avec moi, j’y mets deux fois plus de conviction. Mais c’est peine perdue. A ce moment, Jean-François me faisait remarquer que mes mouvements étaient de plus en plus saccadés. Ca reflétait le fait que le doute s’installait de plus en plus en moi. Et à la fin, je suis résigné.
J’en arrive donc à la dernière question : pourquoi attaquer, si je ne peux gagner ? Sans être défaitiste, je trouve que cette question est légitime. A un moment, si on ne fait que répéter un mouvement sans rien y changer, pourquoi fonctionnerait-il la 23ème fois quand il a échoué les 22 précédentes ? Comme je l’expliquais à David en relatant cette expérience, je trouve qu’il y a un côté ahimsa à cette manière de recevoir des attaques.
A la fin, comme je le disais, j’étais fatigué : fatigué mais aussi vidé… Apaisé en quelque sorte.
J’avoue que j’ai trouvé cela perturbant, déroutant pendant le combat. Accessoirement, ces quelques mouvements m'ont paru durer une éternité, tant j'étais vulnérable et en plein doute...

Jean-François m’a expliqué avoir joué avec mon mental… Pour mieux le déstructurer.
Il m’a précisé qu’il a déjà connu des situations en scooter où il a eu peur d’avoir un accident. Alors que les fois où il a eu un accident, il n’a pas eu peur.
Et Jean-François a joué sur mon mental pour y instiller cette peur de ce qui peut arriver, mais n’arrive pas. Pas aujourd’hui en tout cas.
Il est bien plus facile de se relever d’un coup dur que l’on a vu passer que de craindre un éventuel coup dur, dont on ne sait pas quand ni où il frappera.
Et à l’inverse, craindre un éventuel coup dur, dont on ne sait pas quand ni où il frappera, c’est accorder bien trop de crédit à son mental. Sans que cette crainte ne puisse rien nous apporter en retour. Autant s’en débarrasser donc. Plus facile à dire qu’à faire.
Je l’ai déjà cité sur ce forum mais le principe suivant me semble parfaitement résumer la résolution à adopter devant une situation comme celle-là : « Mon Dieu, donne moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d’accepter celles que je ne peux pas changer, et la sagesse de distinguer entre les deux. »

Gambatte.

Guillaume

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Date d'inscription : 29/10/2009

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Message  lauri Mar 17 Mai - 9:20

merci pour ce poste guillaume.
je voulais juste préciser l'orthographe: Enno Kirinai, thème de l'année 2009/2010

lauri

Messages : 36
Date d'inscription : 16/11/2009

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Message  ilona Mer 18 Mai - 0:40

Très bon post Guillaume!!! Tes questions sont vraiment intéressantes et toutes légitimes.
Ta prise de conscience est "juste" (si on peut dire), c'est-à-dire que nous sommes passé par là dans notre progression, évolution.
Au début on ne sait pas quoi faire de l'arme, puis une fois qu'on sait un peu près quoi faire avec, comment l'utiliser...ou ne sait plus comment s'en détacher!! on s'y accroche, comme aux techniques! Et lorsqu'on a vraiment intégré le fait qu'on peut ou pas l'utiliser, on a compris pas mal de chose je pense.
C'est comme l'histoire de donner un coup ou pas, faire les choses à moitié (Hanpa) ou pas...petit à petit l'aspect physique disparait (mais il faut toujours savoir faire les choses physiquement, ne pas croire qu'elles ne nous servent plus) puis l'aspect des principes se révèle. Plus on se libère, mieux on voit les choses. PLus on voit les choses que l'on peut faire, donc choisit de les faire..ou pas.

Tu parles également de principes, je comprends que tu peux les identifier ou en tout cas les voir dans la corde, dans le corps à corps...ils sont toujours là (ou pas).

Avoir été Uke de Jean-François nous apprends beaucoup de chose...et comme on peut se raccrocher à rien avec lui, on peut douter,on peut avoir peur de se qu'on ne peut pas voir venir...une des "techniques" du nin jutsu est de jouer avec la peur de l'autre...et c'est vrai que cette peur peut aussi être créé par le mental. Tu as pu voir ton mental essayer de se raccocher à quelque chose (pour te rassurer?) mais ne pas pouvoir t'aider. Banpen Fugyo : 1000 choses peuvent arriver, mais aucune surprises.

Alors pourquoi attaquer? Si on attaque pas, il n'y a pas de combat! trop facile, lol. Mais si on ne s'entraine pas, on ne saurat pas comment de pas attaquer, ne pas se battre et "gagner" le combat.
Pourquoi ne t'a-t-il pas tuer tout de suite? Trop facile et pas assez marrant, lol. Parfois il n'y a pas besoin de "tuer" pour gagner le combat...

Hatsumi Sensei a dit (pendant qu'on était au Japon) : "je ne vous apprends pas à couper, alors ne couper pas. (placez la lame) si uke bouge, il se coupera". Cela vous rappelle quelque chose?

bonne fin de journée, à ce soir!

ilona

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