Jeudi 16 décembre

*Attention, post introspectif*
Souvent , les mots ne servent à rien.
Il est impossible de décrire ce que l'on ressent, ce dont on fait l'expérience. C'est ce qui me vient suite au cours d'hier. Je dois dire que personnellement, je me suis pris une bonne claque ! Au sens figuré bien évidement, mais cela fait bien plus de ravages ...

Ce fut une des rares fois où je n'ai pu assister au premier cours. J'ai donc rejoins le tatami pendant la revue des Goggyos forme japonaise. Directement dans le vif du sujet. On exécute tout d'abord la forme tout seul, en dynamique, avec une intensité propre à chacun. Puis ensuite on travaille à deux.

Le fait de n'avoir pas participé aux échauffements et à la musculation m'a perturbé. Je me suis rendu compte comme d'une évidence que la force, je n'arrive pas encore à en sortir! Je suis comme enfermé dans mes muscles, dans une illusion d'explosivité par la crispation. Je parlais de cela avec Yannick à la fin du cours, et je me rends compte que jusqu'ici, les exercices intenses du début de cours ont pour effet de "tuer", d'exténuer un bon coup pour ensuite pouvoir aborder une autre approche, plus profonde. C'est un travail de longue haleine que de former son corps et son mental à appréhender les situations autrement que par une réaction brute et impulsive, de défense presque.

Je n'arrivais pas à bien bouger, à bien saisir ou capter Uke dans ses attaques, à trouver le point Omote ou Ura.... Bref, je me suis senti très maladroit, vis à vis de moi-même. Du coup, plutôt que de mal le prendre et de m'énerver (il n'y a pas de raison, il faut s'améliorer, pratiquer, progresser), j'ai simplement pris conscience que mon égo est si présent, qu'il se croit capable de tout, dans toutes les situations.... Lorsque mon égo croyait avoir la bonne posture ou le bon déplacement, mon corps le ramenait cruellement à la réalité : eh non coco, tu te trompes, tu n'y es pas ... J'ai compris que mon pire ennemi, c'est moi et mes croyances ! Cette nécessité d'humilité et d'abnégation a fait office de première claque ! Mais je n'étais pas encore KO...

Ensuite, Jean-François nous a parlé du Sanshin no Kata, des trois piliers indispensables :
- la technique (omote : extérieur)
- la pratique (omote : extérieur)
- le combat (ura : intérieur) - l'esprit
La notion de combat permet d'unir les deux formes extérieures. C'est une composante essentielle. Il faut faire plus que croire ou jouer, il faut vivre notre pratique et être conscient de la réalité de notre évolution. Cela va au-delà de la conviction, c'est une nature à développer. Deuxième claque !

Nous avons ensuite pratiqué 9 formes de Goho présentées au stage (une dixième devrait arriver ... ). Je suis perdu, bien qu'il me semble comprendre ce vers quoi il faut aller. Le corps ne suivait plus. J'étais comme fatigué mentalement au plus profond du corps (je mélange tout mais pour moi cela a un sens). J'ai persévéré, sans m'énerver ni parler. Le temps et la pratique modèleront cela au fur et à mesure. Troisième claque !

Me revient aussi une phrase très importante de Laurianne. Dans le Chi no kata, nous réalisions un blocage sans vraiment le mener à bout, mais en restant bien présent, avec l'intention. L'autre main, celle qui est relâchée et ballante ne doit pas être "morte", mais au contraire, rester bien présente et représenter une réelle menace pour Uke. C'est "facile" à comprendre, mais vraiment pas évident à "sentir" et à "vivre".

Pour finir, Jean-François nous a montré de nombreuses photos et raconté son histoire. C'était très émouvant. J'ai été très marqué par quelques phrases, notamment lorsqu'il faisait référence à une époque où sa pratique semblait très intense, dure, douloureuse. A un moment, Jean-François a dit qu'il ne souhaiterait pas revivre cette période. Pourtant, malgré toutes les difficultés et épreuves qu'il a pu traverser, cela a permit de le construire et de faire de lui ce qu'il est aujourd'hui. Quatrième claque ! On ne progresse pas dans le confort et dans la facilité !
Merci de ne pas nous mentir, de nous livrer cette vérité de la vie, si loin des concepts de notre société actuelle !
Merci encore pour ce moment rare (et les photos d'Hatsumi Sensei).

La nuit a été dure et agitée me concernant (perdu dans un Dojo ?). Mais sans angoisse ni déprime. Une conscience de ne pas encore être sur la bonne voie, un besoin profond de devenir meilleur. Il faut se répéter chaque jour que l'on a la capacité de devenir meilleur, de progresser. Et avancer !!!

Merci de votre attention.

En bonus : la théorie des rats !
Le rat fuira tant qu'il le pourra. Tant qu'il y a une issue ou une possibilité d'échapper à l'affrontement.
Mais une fois acculé, pris au piège, le rat attaque ! ( il attaque! il ne se défend pas !)

Oui Thomas,
au niveau mental, oublier son Ego , y'a rien de plus compliqué , le mien étant plus présent et bavard intérieurement qu'autre chose.
Plus on essaie oublier , plus on y pense, comme j'avais lu dans un livre sur le Zen !
On a tous nos propres filtres superposés à notre mental que l'on doit essayer d'oublier ,
peut être redevenir plus simples , pas hésiter devenir un peu idiots ?

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Quelques points sur le cours de Mercredi :

-Comme l'a dit Jean François , si l'on veut réellement progresser, il faut pratiquer en se mettant en situation de combat de vie ou de mort !
(imaginer le moindre coup de l'adversaire pouvait être fatal ou très dangereux ou comme s'il tenait une arme ?)

- Technique Omote intéressante : quand on lève les mains de l'adversaire vers le haut afin de créer un vide au niveau de sa taille entre lui et nous , avant de faire l'Omote.
Quand on me fait la technique je sens bien intérieurement un changement mentalement,
comme, comme si on se sentait bien ou porté par le "lever des mains", juste avant l'Omote.
A pratqiuer !

- Sur Omote ou autre clef , il faut exécuter les mouvements, tout en se protégeant comme par exemple : coude tourné vers l'adversaire ou poing dirigé vers celui ci comme bien des fois cela nous a été montré (ce que je ne faisais pas).
Idem pour les jambes , ne pas les laisser "trainer" dans le sillage de Uke.

-Faut que je sois plus strict et sévère avec moi même sur les techniques.
Le poing arrière n'était pas bien ramené à la ceinture, et aucune sensation dans celui ci, ou technique Omote mal faite, il fallait mettre les deux mains contre la main de Uke !

Sinon je me suis fait un avant Noël avec les deux CD de Jean François et Nagato sensei
Celui de Jean François sur les bases, en ce qui me concerne en particulier; va beaucoup m'aider car j'ai toujours beaucoup de mal à saisir les techniques montrées en cours ainsi que leurs noms.

Retour de cours, ce qui m'a frappé c'est notre capacité à oublier (une personne qui oubli son "kimono" chez lui, un autre qui oubli sa ceinture dans le vestiaire avant de partir... rien d'exeptionnel car cela nous arrive tous). Quand la mémoire nous fait défaut alors on doit être capable de s'adapter (aller chercher son "kimono"chez soi, par exemple...), tout en acceptant les faits (accepter de faire l'erreur d'oublier... "shi kin haramitsu daï ko myo" ! ). L'idée, c'est que lorsque l'on est pas présent totalement à ce que l'on fait, alors on peut faire plus facilement une erreur. Travailler sur notre qualité de présence afin de limiter nos erreurs...

D'autre part, les nouvelles formes que l'on pratique sont assez éprouvante quand on travail le plus bas possible. Du coup, quand c'est douloureux, on a tendance à se recroquevillé sur nous même (les épaules rentrées, le dos arrondi et légèrement courber et le bassin vers l'arrière...). Il nous faut davantage accepter la douleur et prendre le dessus sur notre mental. L'idée de s'ouvrir aux choses afin de travailler, de découvir, et de redécouvrir notre potentiel.


Merci, et à bientôt.